Syndrome d’apnée du sommeil

Dr Samir Lahzami

Clinique de Genolier

mars 15, 2022

L’apnée du sommeil pourrait être un trouble du sommeil grave. Il existe plusieurs apnées du sommeil différentes et elles provoquent des difficultés respiratoires pendant le sommeil. Certains des symptômes comprennent des ronflements bruyants, des épisodes d’arrêt de la respiration pendant le sommeil, un réveil avec une gorge sèche et douloureuse, des maux de tête matinaux, une pression artérielle élevée, des troubles de l’humeur, etc. Heureusement, il existe plusieurs options de traitement pour cela. Certaines personnes ne le ressentent qu’en position allongée sur le dos, il est donc recommandé de dormir sur le côté. Les personnes ayant des problèmes nasaux existants doivent s’occuper d’abord de ceux-ci en utilisant des sprays et autres. Dans certains cas, même les somnifères aident. Il existe même des dispositifs mécaniques qui aident à lutter contre l’apnée du sommeil. Le plus célèbre serait la machine CPAP. Cette machine aide à dégager vos voies respiratoires en portant un masque qui contient un souffleur d’air doux qui force l’air par le nez et la bouche. Si rien de tout cela ne vous aide, vous pouvez opter pour une intervention chirurgicale comme une amygdalectomie ou une chirurgie nasale.

Voulez-vous en savoir plus? Lisez ci-dessous l’article du Dr Samir Lahzami.

Syndrome d’apnée du sommeil: Quand le sommeil vous rend malade

Vous ronflez, vous vous réveillez avec des maux de têtes et une sensation de sommeil non réparateur, vous ressentez un manque d’énergie et de concentration, et devez lutter pour ne pas vous endormir durant la journée? Vous souffrez certainement d’un syndrome d’apnées du sommeil (SAS)!

Le SAS est défini par la présence d’apnées (arrêt de la respiration pendant au moins 10 secondes) ou d’hypopnées (diminution du flux respiratoire associée à une chute du taux sanguin d’oxygène) durant le sommeil, associées à une somnolence diurne. L’immense majorité des SAS est d’origine obstructive, c’est-à-dire liée à une obstruction partielle ou totale du fond de gorge. En effet, la musculature se détend physiologiquement durant le sommeil et réduit l’ouverture du fond de gorge. Ceci n’a heureusement aucune conséquence sur la respiration de la majorité des personnes, mais peut être la cause de ronflements et d’apnées /hypopnées lorsque la réduction est plus importante ou complète (figure 1). Dans ces derniers cas de figure, une augmentation de l’effort respiratoire pour tenter de maintenir un flux d’air suffisant s’ensuit, qui conduit à des micro-réveils nécessaires à réactiver la tension des muscles du fond de gorge, avec comme conséquence une qualité de sommeil perturbée. Le SAS d’origine centrale, en relation avec une dysfonction de la commande respiratoire automatique durant le sommeil, est beaucoup plus rare et associé à des pathologies cardiaques ou neurologiques. Il n’est pas l’objet de cet article. Le SAS touche 3 à 7% de la population générale, avec une prédominance masculine. La prévalence augmente avec l’âge et atteint 10 à 20% chez les plus de 65 ans. La surcharge pondérale constitue le principal facteur prédisposant, mais des personnes avec un poids normal peuvent également en souffrir en raison de facteurs anatomiques congénitaux (base de langue large, mandibule en retrait, etc.). La consommation d’alcool, d’opiacés ou de somnifères en augmente le risque ou la sévérité.

Figure 1

Quels sont les symptômes ?

L’immense majorité des patients souffrant de SAS ronflent, mais heureusement l’inverse ne se vérifie le plus souvent pas. De nombreuses autres manifestations durant le sommeil peuvent survenir: sommeil agité, réveils en sursaut avec sensation d’étouffement, difficultés respiratoires nocturne, sueurs nocturnes, réveils fréquents pour uriner, énurésie, somnambulisme et hypersalivation. Il arrive que le patient ne perçoive aucun de ces symptômes, auquel cas, la ou le partenaire peut heureusement souvent remarquer des ronflements bruyants entrecoupés de pauses respiratoires.

Les conséquences diurnes des perturbations du sommeil liées au SAS sont dominées par la somnolence, responsable d’une baisse de la qualité de vie sociale et professionnelle, ainsi que d’une augmentation du risque d’accident de la circulation. Ce sommeil de mauvaise qualité peut également se manifester par des céphalées matinales, des troubles de la mémoire et de la concentration (avec notamment aggravation de troubles cognitifs chez les personnes âgées), un manque d’énergie, des troubles du comportement, une irritabilité, un syndrome dépressif et des troubles de la libido. Ces symptômes sont souvent mis à tort sur le compte du vieillissement ou d’un surmenage.

Quelles sont les conséquences pour la santé ?

En plus des manifestations citées plus haut, un SAS non traité a des conséquences néfastes du point de vue cardiovasculaire. Il augmente le risque d’hypertension artérielle et peut être responsable d’un mauvais contrôle d’une hypertension préexistante. Le risque d’arythmies cardiaques (notamment la fibrillation auriculaire) est également augmenté, de même que la survenue d’infarctus du myocarde, d’insuffisance cardiaque et d’accident vasculaire cérébral.

Selon des études récentes, les personnes souffrant de SAS présentent une accumulation anormale de protéine bêta-amyloïde dans leur cerveau. Il s’agit du composant principal des plaques amyloïdes impliquées dans la maladie d’Alzheimer. Le SAS pourrait donc favoriser à long terme la survenue de certaines affections neurodégénératives.

Comment confirmer le diagnostic ?

Un SAS devrait être évoqué et recherché en présence de symptômes suggestifs, d’une hypertension artérielle mal contrôlée, ou d’une maladie cardio- ou cérébro-vasculaire manifeste. Les symptômes étant parfois absents ou perçus comme normaux par le patient, plusieurs scores prédictifs de SAS ont été développés. Le «NoSAS score» en fait partie et peut être utilisé en autotest via une application pour smartphones. Comme tous les autres scores prédictifs de SAS, il a une sensibilité élevée mais une spécificité relativement faible. Il permet donc en cas de résultat négatif d’exclure raisonnablement la présence d’un SAS, mais sa positivité ne permet pas d’en confirmer la présence.

La confirmation du diagnostic nécessite la réalisation d’une polygraphie nocturne chez un pneumologue. Il s’agit d’un examen effectué à domicile qui associe des capteurs de flux d’air nasal, de saturation en oxygène et de fréquence cardiaque, une sangle abdominale et thoracique en tissu (pour analyser les mouvements respiratoires), ainsi qu’un capteur de position (figure 2). Une nuit en laboratoire du sommeil (polysomnographie) est parfois nécessaire pour préciser le diagnostic.

Le résultat de la polygraphie nocturne est exprimé en nombre d’apnées-hypopnées par heure (index d’apnées-hypopnées, IAH). Bien que les critères soient débattus, un SAS est reconnu comme significatif à partir d’un IAH ≥ 15/h et son degré est sévère si l’IAH est ≥ 30/h.

Figure 2

Quels sont les moyens thérapeutiques ?

Le traitement du SAS dépend de son degré de sévérité, des facteurs de risques et comorbidités cardiovasculaires, ainsi que de l’importance de la somnolence diurne et des autres symptômes. L’objectif du traitement est de maintenir la perméabilité des voies aériennes durant le sommeil.

Des mesures simples, telles que l’abstinence d’alcool et de somnifères le soir, peuvent parfois suffire dans des cas légers. Chez les patients obèses, l’obtention d’une perte pondérale est toujours préconisée, celle-ci pouvant réduire la sévérité voire faire disparaître le SAS. Chez les patients présentant des apnées uniquement en position dorsale, il existe des dispositifs spécifiques à porter durant la nuit qui empêchent de dormir sur le dos.

Pour les cas de SAS léger à modéré, une prothèse d’avancement mandibulaire peut être proposée. Il s’agit de gouttières moulées sur la dentition qui vont réaliser une traction sur la mâchoire inférieure pour augmenter l’ouverture du fond de gorge. Toutefois, ces dispositifs ne sont vraiment efficaces que chez certains patients et permettent, le cas échéant, une réduction de moitié du nombre d’apnées/hypopnées en moyenne. De plus, des effets négatifs sur les articulations temporo-mandibulaires peuvent se développer en cas d’utilisation à long terme.

Les options chirurgicales, autrefois largement pratiquées, ne sont maintenant plus préconisées que dans de très rares cas, notamment en cas d’hypertrophie importante des amygdales.

Le traitement de choix du SAS est le CPAP («Continuous Positive Airway Pressure»), un appareil qui permet d’insuffler de l’air dans les voies aériennes avec une pression positive continue, et ainsi en empêcher le collapsus. Le patient est relié à l’appareil par un masque dont le choix est crucial. Il en existe de nombreux modèles, qui peuvent s’appuyer sur les narines, couvrir le nez seul ou la bouche et le nez à la fois (figure 3). Autrefois difficiles à tolérer, ces appareils sont désormais silencieux et les patients s’y habituent généralement bien. Lorsqu’il est utilisé régulièrement et bien réglé, le CPAP permet une correction complète du SAS.

Figure 3

Conclusions

Le SAS est une pathologie fréquente souvent responsable de symptômes nocturnes gênants et d’une perturbation de la qualité du sommeil conduisant à une somnolence diurne. Il augmente significativement le risque de développer une pathologie cardiovasculaire. Il constitue aussi probablement un facteur de risque pour certaines affections neurodégénératives. En cas de suspicion de SAS, une polygraphie nocturne doit être réalisée pour confirmer le diagnostic. Suivant son degré de sévérité et ses caractéristiques, plusieurs traitements peuvent être préconisés, mais le CPAP constitue le traitement le plus efficace.

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